Les racines de notre engagement

Historique des actions judo au Burundi depuis 1982


Fabien Gakeme, le premier président de la FBJ (ici en 1986)

Les pionniers

En 1982, j’ai été sollicité par la Fédération Française de Judo pour aller à Bujumbura (Burundi) et à Kigali (Rwanda) pour encadrer un stage de judo et superviser des tests de passages de grades.
La section judo de l’Entente Sportive de Bujumbura, tout comme le club de Kigali au Rwanda, faisait partie des clubs affiliés à la Fédération Française de Judo en l’absence, à l’époque de fédération nationale dans les deux pays de la région des grands lacs.
Je n’étais pas le premier expert français à me retrouver sur les bords du lac Tanganyika et à profiter du magnifique accueil que nous ont, chaque fois, réservé nos amis André Helbois, le pionnier du judo à Buja, Libert Naïmana, à l’époque colonel dans l’armée de l’air, le regretté Fabien Gakeme, le Docteur Bandoucha, pour ne citer que les plus présents et les plus actifs, ainsi, bien sûr, que tous les autres pratiquants et sympathisants du club de l’Entente.
D’emblée, je fus séduit par l’enthousiasme, la volonté d’apprendre et le niveau technique.
C’était la conséquence de l’action des experts, et non des moindres, qui m’ont précédé. Ces experts avaient pour nom Henri Courtine, futur directeur sportif de la Fédération Internationale de Judo (FIJ), François Besson, actuel directeur sportif de la FIJ ou encore Didier Janicot, membre de la direction technique nationale de judo, en France.
Le travail en profondeur qu’ils avaient entrepris, portait ses fruits, je n’avais qu’à poursuivre dans la voie qu’ils avaient tracée.


Bernard (à gauche) et Nicolas (à droite), en 1986, au pied des sources du Nil.

Une construction dans le temps

J’eus ensuite le privilège de renouveler par deux fois l’expérience, en 1984 et 1986. Cela nous donna l’occasion de conduire des projets dans le temps et surtout nous amena à nouer des liens d’amitié indéfectibles.
Au cours de ces trois séjours, j’eus, en dehors du tatami, le privilège de découvrir et d’apprendre à aimer ces deux magnifiques pays et à approfondir notre connaissance mutuelle.
Que de souvenirs à partager ! D’autant plus que j’ai pu me faire accompagner de mon épouse en 1984 et de mon fils Nicolas, en 1986, pour qui ce voyage fut un magnifique cadeau pour ses 13 ans. Sa passion pour le Burundi est née à ce moment là.
Après ces moments de bonheur où nous eûmes l’occasion de vivre de réelles aventures dans l’intérieur du Burundi, après des parties de pêche sur le lac Tanganyika, des incursions au pays des crocodiles et des hippopotames le long de la Ruzizi, après avoir assisté à des concerts des fameux tambourinaires du Burundi ou encore après des expéditions sur le volcans des Virunga à la recherche des familles de gorilles au Rwanda, vinrent les années de plomb. Les contacts s’interrompirent après 1991, quand Fabien Gakeme devint le premier président de la toute nouvelle Fédération Burundaise de Judo.


Au même endroit 20 ans plus tard

Le miracle

Le miracle fut que la pratique du judo ne cessa pas à l’Entente Sportive de Bujumbura, toujours sous la direction d’André Helbois, véritable gardien du temple.
En 1999, en poste au CREPS de Strasbourg en tant que directeur adjoint chargé du sport de haut niveau, je fus très agréablement surpris quand le Comité International Olympique (CIO), par le biais de la Solidarité Olympique, me demanda d’accueillir un certain Pierre-Marie Mbazumutima pour un stage de formation de plusieurs mois.
Pierre-Marie était un jeune judoka qui avait obtenu son premier dan en 1982 lors d’un de mes passages à Buja. Depuis, il avait fait un chemin remarquable. Il avait continué de pratiquer le judo, était devenu professeur à l’Institut des Sports de Bujumbura et avait formé au judo un certain nombre d’étudiants professeurs de sport spécialisés en judo.


La relance

Les contacts se renouèrent et dès 2001, alors que les événements n’étaient pas terminés, nous organisâmes un premier séjour dont l’objectif était de renouer les liens avec le Burundi.
Très rapidement il parut évident que le judo devait dépasser le cadre d’une simple technique sportive. Agir pour le judo au Burundi, c’est agir pour la société. Au Burundi, le judo, par les valeurs sur lesquelles il s’appuie, prend toute sa dimension sociale et éducative comme le voulait son fondateur, Jigoro Kano.
Le stage de 2001 représente le renouveau des actions de partenariat au Burundi. Une nouvelle équipe de jeunes dirigeants, tant au pays qu’en Alsace, a pris en main cette coopération qui a déjà connu de magnifiques succès.


Les premiers résultats

La structuration de la fédération, la mise sur pied de championnats, la participation avec des résultats encourageants à des tournois internationaux, la conduite d’actions de coopération avec les écoles et les quartiers, la création de nouveaux clubs, l’organisation bisannuelle de stages techniques et de formation, témoignent de la qualité du travail.
Il est réconfortant pour quelqu’un qui a participé avec enthousiasme, il y a trente ans, à des actions ayant pour moteur le principe d’entraide, de constater qu’elles ont porté des fruits magnifiques et que la relève était assurée dans le respect des mêmes principes d’humanité.
Cela permet de continuer d’avoir foi en l’homme.

Bernard Messner
Président du CACI
Président de la Ligue d'Alsace de Judo

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