Chargé de la mise en place de l'activité judo adapté au centre Akamuri de Bujumbura
Fin octobre 2008, je suis enfin de retour au Burundi, le dernier séjour datant du mois d’avril 2006. Durant cette période, j’ai continué mes études et me suis spécialisé dans le sport adapté, adapté à des jeunes présentant un handicap mental. En février dernier, les autres membres du groupe m’avaient notamment parlé d’un projet concernant le sport adapté et plus particulièrement le judo. Le temps de réaliser un petit dossier indiquant en quoi pouvait servir une activité telle que le judo pour un public handicapé et me voila dans l’avion direction le Burundi.
Sur le programme du séjour figurent 4 interventions. Tout d’abord une séance théorique avec support vidéo afin d’expliquer concrètement en quoi consiste l’activité suivi de trois séances de pratiques.
Lundi 27 Octobre 2008, direction le centre AKAMURI, mes premiers sentiments sont de l’appréhension et de la curiosité et nombreuses sont les questions que je me pose. Comment se présente le centre ? Avec quel public vais-je travailler ? … Toutes ces questions m’interpellent.
Arrivé au centre, je me présente et demande s’il est possible de présenter l’activité à tout le monde sur support vidéo et dans un second temps je précise que je suis prêt à répondre aux questions des jeunes, des éducateurs et des responsables du centre. Tout de suite, les différentes personnes sont captivées par la vidéo, dans la salle de classe il n’y a pas un bruit, tous les regards sont dirigés sur l’écran. En regardant ce film, ils découvrent quelque chose de nouveau. À la fin du film, tous les enfants sont euphoriques et veulent faire du judo. On peut ressentir l’émotion et l’envie des jeunes, c’est extraordinaire, tous ont le sourire et ne demandent qu’à participer. Lors de ce premier entretien, j’ai également un entretien avec la responsable du centre qui est une Sœur, entretien durant lequel je lui explique et décris l’activité et ce qu’elle peut apporter à ce public.
Au cours de cette première prise de contact, j’ai pu me faire une idée du type de public accueilli dans le centre afin de proposer une séance qui lui soit adaptée. Le centre accueille principalement de jeunes autistes, trisomiques et des enfants hémiplégiques…
Mardi 28 octobre, 9h arrivée au centre avec la camionnette chargée de tatamis, à ma grande surprise les jeunes arrivent immédiatement me saluer et m’aident à installer les tatamis. Je demande à l’éducateur de me faire deux groupes le plus homogènes possible enfin que les jeunes puissent évoluer ensemble durant la séance. Ce jour-là je fait deux animations avec des groupes de 8 jeunes. La séance se présente de la manière suivante : échauffement à base d’exercices de motricité, de repères dans l’espace, d’équilibre et également d’exercice de prévention à la chute de manière à ce que le pratiquant puisse apprendre à chuter et donc à tomber sans se faire mal. En second lieu, des exercices orientés vers l’opposition mais de manière très progressive et pour finir un retour au calme avec un bilan de séance. Je ressens une grande satisfaction et un grand plaisir d’avoir pu mener cette animation avec ces jeunes. C’est vraiment une expérience très riche sur le plan humain, je pense que j’ai pu leur apporter quelque chose en leur permettant de découvrir l’activité. Comme il s’agit d’un échange eux aussi m’ont apporté du bonheur. À la fin de cette première séance, je ressens une grande satisfaction. Sur le chemin du retour, je fais également un bilan avec Nicolas qui m’a accompagne afin de faire quelques photos. Il me dit avoir discuté avec un éducateur qui était très surpris du travail qui venait d’être réalisé dans la mesure où il y avait des personnes autistes qui ne participaient jamais aux autres activités et qui avaient du mal à accepter une consigne.
Il faut savoir qu’une personne autiste est une personne qui n’a pas conscience d’autrui. Par conséquent, elle ne renvoie ni sentiment ni expression. Ainsi, plus on essaie d’entrer dans une relation avec elle, plus elle s’isole. Dans ma séance j’ai laissé une part de liberté assez importante à l’individu afin qu’il puisse faire ses choix de vouloir ou non participer à l’activité. La personne autiste a participé à toute la séance, réalisé toutes les situations. Si les enfants concernés n’ont pas conscience de l’autre, ils peuvent tout de même entrer en relation avec les autres avec leur « cœur ». En laissant une part de liberté et en laissant évoluer les jeunes autistes dans un cadre où ils se sentent en sécurité, ils peuvent se joindre aux différentes activités.
Jeudi 30 octobre, deuxième séance pratique, cette fois ci je suis en compagnie de Frédéric. À notre arrivée au centre, tous les jeunes viennent en courant nous saluer, ils ont l’air vraiment heureux de nous revoir. Lorsque l’éducateur doit faire les groupes, il s’avère qu’il s’agit d’une situation complexe dans la mesure où tous veulent faire du judo.
Cette deuxième session de découverte est une nouvelle fois une grande
réussite avec cette bonne ambiance et cette joie que j’ai déjà
ressenti. Tous ont le sourire encré sur le visage. Cette séance se
déroule de la même manière que la première avec deux animations de 40
minutes afin de pouvoir toucher un plus grand nombre de jeunes. Il est
difficile de composer un groupe de plus de 8 jeunes dans la mesure où
il est important de privilégier la qualité et la disponibilité surtout
sur une séance avec des jeunes personnes déficientes. A la fin de la
séance, les jeunes aident de nouveau à ranger les tapis. C’est une
initiative qui vient d’eux même.
Lundi 3 octobre, dernière
séance de judo au centre AKAMURI. Pour cette dernière séance David est
en ma compagnie. Arrivés au centre rien ne change, toujours cette joie
immense, ce plaisir, ces sourires. Cette dernière séance se déroule
très bien, je n’ai a gérer aucune difficulté, les enfants ne demandent
qu’à jouer, s’amuser… Nous voila déjà à la fin de la séance et par
conséquent à la fin de mes interventions dans le centre AKAMURI. Le
bilan de ces interventions est extrêmement positif, j’espère que ces
jeunes pourront par la suite profiter d’une activité comme le judo qui
est une activité qui permet non pas de travailler contre son partenaire
mais avec lui et ainsi d’évoluer et de partir à la conquête de son
autonomie.
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